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Il est grand temps de faire une pause, de troquer cette vie morose, contre le parfum d'une rose.

Ma scolarité : Un psy, une sophrologue, un glandeur, et la bibliothèque.

27 Janvier 2012 , Rédigé par yousexything Publié dans #Texte


Tout d'abord je dois vous expliquer la raison de ma présence dans cet endroit morne et silencieux. Je suis un garçon de 18 ans, je m'appelle Alex, et j'ai toujours été ce qu'on peut appeler "un Glandeur", "un Feignant", "un paresseux", "un fonctionnair...Euh... Non oubliez ça je vais avoir des problèmes"...

Depuis mon entrée en Primaire mes parents reçoivent à chaque trimestre un bulletin scolaire remplit de "Alexandre gâche ces énormes capacités" et de "Quel gâchis !". Ils ont maintes et maintes fois tentés d'en rechercher la cause par des moyens divers et variés. J'ai eu le droit au Psy déclarant après une heure et demie d'entretien avec un enfant totalement muet (moi) que la cause de cette fainéantise était due au fait que mon père biologique (je vis dans une famille recomposée) avait quitté ma mère et qu'il avait totalement disparu de la circulation après quelques mois de gardes alternées. J'ai aussi eu le droit à de la sophrologie, une méthode de relaxation consistant à effectuer dans un premier temps des gestes débiles pour se détendre et dans un deuxième temps à s'allonger en s'imaginant sur une plage de sable fin. Inutile. Et puis j'ai eu évidemment le droit à de nombreuses paires de baffes, à des punitions, des mises au coin, des confiscations d'ordinateur, des privations de sorties et autres sanctions désagréables utilisées par la plupart des parents...

Tout cela fut sans succès. Car mes parents, le psy, ou la sophrologue ont tous oublié une chose à cette époque. Me demander tout simplement la raison de ce "Gâchis de potentiel". Qu'aurais-je répondu ? Et bien j'aurais répondu que je n'étais pas motivé. Que pour moi mon avenir était tellement trouble, tellement indécis, que ce que je faisais en cours n'avait que peu d'intérêt à mes yeux. En 4ème on me disait "Travaille pour passer en 3ème", en 3ème on me disait "Travaille pour avoir ton brevet et aller au lycée"... Ce à quoi je répondais "Le Lycée ? Pour me retaper ce que je viens de faire en deux fois pire, avoir un Bac inutile en l'état, et donc devoir choisir une filière d'étude supérieure pour PEUT-ETRE trouver un travail qui me plait ?". Non, ça ne m'inspirait pas du tout. Mais j'ai continué, je suis entré au lycée et j'ai passé mes années en filière ES sans rien glander et en m'en sortant avec des 11-12 de moyenne grâce à mes capacités. Et puis vint la Terminale. Ca y étais. La fin du lycée approchait, et avec elle le choix de la filière supérieure. Le choix de mon avenir. La croisée des chemins.

Au début de mon année de Terminale, je n'avais aucune idée de la filière à choisir. Et puis j'ai découvert le DUT Information et Communication. Cette formation me correspondait parfaitement, j'avais enfin trouvé quelque chose qui me plaisait ! Et puis c'est là que toutes mes années de glande me sont revenues dans la gueule. Ce DUT est très prisé, les sélections sont assez pointilleuse. Mon dossier ne fait pas le poids. Seul espoir, la lettre de motivation. C'est le seul moyen que j'ai d'être accepté. J'espère l'être car c'est malheureusement la seule filière dans laquelle je vois mon avenir. La seule filière qui m’intéresse. Enfin bon. Voilà la raison de ma présence à la bibliothèque. Une prise de conscience. Un déclic. Il faut que je bosse. Il faut que je monte ma moyenne. Il faut que j'entre dans cet IUT ! Et j'y suis allé. Je suis rentré dans cet endroit dont le nom me donnait la nausée il y a 3 ans.

J'ai d'abord acheté quelques Annabac pour pouvoir réviser convenablement (mes cours étant relativement mal notés). Une fois mes nouvelles acquisitions en poche, je me suis dirigé d'un pas traînant vers la bibliothèque municipale, comme un condamné à mort avançant vers la chaise électrique. J'ai ensuite passé le sas d'entrée constitué de portes automatiques qui se refermèrent derrière me donnant une impression étrange d'enfermement. Je me suis alors dirigé vers la salle de travail au deuxième étage et je suis entré.

A l'instant même où j'ai franchis les doubles portes en verre, le silence m'a enveloppé. Et quel magnifique silence ! Un silence presque palpable, uniquement troublé par des mouvements et quelques chuchotements discrets. Je me suis dirigé lentement vers une place libre au fond de la salle, me déplaçant à pas de loup comme si j'avais peur de réveiller une créature horrible et sanguinaire. Je me suis installé, j'ai ouvert mon sac, et j'ai commencé à réviser. Les heures passèrent, rapidement. Je me sentais bien dans ce silence total, et je prenais plaisir à lever la tête de temps en temps pour regarder la quarantaine de personnes éparpillées un peu partout dans la salle, la tête plongée dans leur bouquin, trop concentrées pour sentir mon regard posé sur eux. Quelque fois, mon regard se posait sur une des nombreuses fenêtres de la salle. Il pleuvait et les gouttes glissaient lentement le long des vitres, me faisant perdre le fil de ma pensée comme si ces amas de molécules d'eau avaient un quelconque pouvoir hypnotique. Je reprenais alors conscience et je me replongeais dans mes livres. Et puis après environ 5 heures de travail, j'ai eu envie d'écrire. J'écrivis alors un long texte semblable à celui là et une soudaine inspiration me poussa à plier la feuille en 4 et à l'insérer entre les pages d'un livre choisi au hasard. Je la glissa donc dans un livre du rayon "Science-Fiction". C'était un livre parlant de sorcières, et le hasard me poussa à mettre la feuille entre les pages d'un passage érotique du roman. Cela m'arracha un sourire et je remis le livre à sa place. Je pris alors la décision de partir, je pris mon sac et sortis la salle en jetant un dernier regard à toutes ces personnes œuvrant pour leur avenir et je me promis de revenir toutes les semaines.

Je quittai de cet endroit qui, autrefois déprimant, m'apparaissait maintenant comme un endroit magnifique. Un sourire aux lèvres, je marchais en direction de ma maison. Pour la première fois de ma vie, je voyais mon avenir clairement, et cette vue me remplissait de bonheur.

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